Quelle est la vulnérabilité des sites de pontes de tortues marines face au bouleversement climatique ? Une étude scientifique, première du genre, publiée par Futura sciences, réalise le défi de comparer sept populations de tortues caouannes, séparées par des milliers de kilomètres afin d’étudier l’impact du réchauffement de la planète sur les pontes : elle montre que la majorité des populations risque, outre la baisse d’incubation des œufs, de produire près de 100 % de nouveau-nés femelles.
Les tortues marines viennent généralement pondre pendant la nuit mais il arrive que des retardataires finissent à l’aube. Les conservateurs du WWF de Dakar connaissent bien ce cycle pour ce qui concerne des sites de pontes situés à Joal Fadiouth pour la tortue verte. Mais, l’étude en question se pose la question de savoir pendant combien de temps encore ces tortues marines pourront-elles effectuer cet immuable rituel ? Pourront-elles s’adapter au bouleversement du climat ? Sachant que la répartition de leurs sites de pontes dans le monde entier ne fait que compliquer l’étude de leur vulnérabilité à grande échelle.
Selon l’étude citée par Futura Sciences, de manière générale, les esèces ont trois options pour s’adapter à des changements environnementaux, soit en se déplaçant dans l’espace et en changeant d’aire de répartition, soit en décalant ou en re-synchronisant leur phénologie, ou encore en se modifiant elles-mêmes, c’est-à-dire en s’adaptant génétiquement. Chez les tortues marines, la première option ne les aidera probablement pas à court terme car elles sont connues pour revenir pondre sur la plage où elles sont nées et sont très fidèles à leurs sites de pontes, bien que certaines tortues aient été observées certaines années allant pondre des centaines de kilomètres loin de leur plage favorite.
Toujours selon la même source, l’évolution de la température pivot – comprenez la température d’incubation à laquelle les deux sexes sont attendus en proportions équilibrées – ne devrait pas pouvoir se produire sur une courte période car ces reptiles vivent très longtemps et arrivent à maturité sexuelle tardivement, ce qui ralentit le processus d’adaptation par sélection naturelle.
Des changements de comportements maternels, par exemple en creusant des nids plus profonds ou en choisissant des zones plus ombragées, pourraient s’avérer efficaces. Cependant, les tortues marines ne peuvent pas déposer leurs œufs à des profondeurs plus importantes que leur propre taille. Dans une telle situation, venir pondre plus tôt dans la saison (en modifiant sa phénologie) pourrait être la dernière option restante, toujours selon la même étude.