Des chercheurs canadiens ont réussi à convertir du CO2 en méthanol, en reproduisant le mécanisme de la photosynthèse. Les explications et les perspectives.
Et si les feuilles détenaient la solution aux problèmes suscités par le pétrole ? Une étude publiée lundi dans la revue scientifique Nature Energy et relayée par Sciences et Avenir ouvre la voie à unmoyen prometteur de produire du carburant. Celui-ci s’inspire du mécanisme de photosynthèse. Dans la nature, les végétaux, algues ou bactéries transforment naturellement la lumière du soleil – captée par exemple par le feuillage – le CO2 et l’eau en énergie (sous forme de glucides), tout en libérant de l’oxygène. Une équipe de chercheurs canadiens de l’Université de Waterloo (Ontario) est parvenue à reproduire artificiellement ce processus et à convertir du dioxyde de carbone (le CO2 responsable de l’effet de serre) en méthanol. Pour cela, ils n’ont utilisé que de l’eau, la lumière du soleil et un oxyde de cuivre. Celui-ci, que les blouses blanches qualifient de « feuille artificielle » prend la forme d’une poudre à diluer de couleur rouge. Elle est produite en une heure à partir de la réaction chimique de quatre substances – le glucose, l’acétate de cuivre, l’hydroxyde de sodium et le dodécylsulfate de sodium. Concrètement, les auteurs de l’étude ont dilué l’oxyde de cuivre dans de l’eau, dans laquelle du dioxyde de carbone avait préalablement été insufflé. Le mélange a ensuite été exposé à une lumière blanche simulant le soleil, enclenchant le mécanisme de photosynthèse. L’eau est enfin chauffée pour permettre au méthanol de s’évaporer.
Proche de l’E85, il peut notamment être utilisé comme carburant : jusqu’en 2006, les moteurs utilisés par les monoplaces américaines du championnat Indycar fonctionnaient grâce cet « alcool ». Particularité : le carburant ne produit pas de flamme visible lorsqu’il brûle. Il est donc tout à fait envisageable – moyennant quelques aménagements sur nos blocs (soupapes, injection…) – d’utiliser du méthanol issu de cette réaction pour faire avancer nos véhicules. Reste à convaincre les industriels des bienfaits de cette technique…
Par Andy David