Si un pays procède à un appel public à l’épargne sur le marché financier, il demande aux investisseurs de lui prêter de l’argent à un taux d’intérêt donné qu’il propose.
Si le pays est réputé sûr et attractif, il n’a pas besoin de payer un taux d’intérêt élevé et les investisseurs s’engagent à mettre plus d’argent que le montant demandé ; le taux de couverture va donc dépasser 100%.
Le Sénégal vient de clôturer, ce 24 Mars, un emprunt obligataire par appel public à l’épargne pour un montant de 200 milliards. Les investisseurs ont mis 201,8 milliards, soit un taux de couverture de 100,9%. C’est faible si on le compare au taux de couverture de 121,6% obtenu il y a 3 mois (décembre 2022).
Le Sénégal avait besoin à l’époque (décembre) de 150 milliards FCFA sur une durée plus longue (12 ans) à un taux de 5,95% et les investisseurs ont mis 182,5 milliards, soit 121,6%. Ce mois-ci, en Mars 2023, le Sénégal a payé plus cher (taux de 6,35% sur la tranche de 10 ans, un taux de 6,15% sur la tranche de 7 ans et 6% sur la tranche de 5 ans).
Comment Ousmane Sonko peut-il l’utiliser en sa faveur et nous épargner un autre stress ?
On sait que la bataille judiciaire peut être poursuivie par les avocats de Sonko qui peuvent interjeter appel mais au cas où cette décision serait définitive, il pourrait lancer un appel public à l’épargne pour payer les dommages et intérêts qui s’élèvent à 200 millions FCFA (comme par hasard l’Etat du Sénégal cherchait 200 milliards « cette fois-ci », ce mois de Mars). A la différence de l’Etat, il n’aura pas besoin de payer un taux d’intérêt, ses sympathisants peuvent contribuer et si le montant collecté dépasse de loin 200 millions, il pourrait mettre en avant le taux de couverture pour montrer qu’il garde sa popularité. Ce procès a suffisamment déstructuré ce pays et nous a fait perdre trop de temps. Les vies humaines sont plus chères et même la valeur des biens détruits lors des manifestations dépasse 200 millions de FCFA.
Cela a l’avantage de mobiliser l’épargne de ses militants et sympathisants tout en nous épargnant d’autres troubles qui peuvent avoir des conséquences néfastes pour notre économie.
Pr Abou KANE
FASEG/UCAD