Le Pib du Sénégal : Places de l’agriculture et de l’informel

Le produit intérieur brut (PIB) du Sénégal est la richesse créée, à l’intérieur des frontières du Sénégal et au cours d’une année, par les sénégalais et les étrangers résidant au Sénégal.

Le graphique ci-dessous nous retrace l’évolution du PIB en valeur courante du Sénégal, de 2018 à 2023. Il est de 19008,7 milliards de francs CFA en 2023.

Source : ANSD notes analyses- comptes nationaux Décembre 2023 et loi de fin. 2024

Pour se faire une idée du PIB du Sénégal, une comparaison internationale est utile. Nous retiendrons le PIB par tête car il tient compte de la taille de la population. Celui du Sénégal est supérieur à la moyenne de l’Afrique au Sud du Sahara et au niveau des 15 Etats de la CEDEAO, le Sénégal se situe au 4ème rang devant le Nigéria.

Source : www.donneesbanquemondiale.org

Au niveau de la CEDEAO, les pays les plus nantis en termes de revenu par tête, c’est-à-dire le Cap Vert et la Côte d’Ivoire, ont des monnaies arrimées à l’Euro ; le Sénégal suit au 4ème rang.

L’Informel et l’Agriculture : Travailleurs plus nombreux mais moins valorisés

Au Sénégal, le PIB était de 17228 milliards en 2022 et se répartissait ainsi : 8774 pour le secteur formel, 6881pour l’informel et 1573 pour les impôts sur les produits nets des subventions. Ainsi, le secteur informel, qui regroupe l’écrasante majorité de la population active et 97% des unités de production, ne contribue que pour 40% de la création de richesses au Sénégal. Selon l’ANSD (Eri-Esi 2017), 96,4% des emplois sont générés par le secteur informel contre 3,6% par le secteur formel. L’informel est ainsi caractérisé par des revenus bas et précaires.

Les travailleurs de l’informel doivent être au centre des politiques économiques et sociales. Ils ont besoin de formation, de financement et d’encadrement pour transiter vers le formel. L’artisanat de production modernisé peut constituer une étape importante de la transformation industrielle du Sénégal.

Source : ANSD notes d’analyse- comptes nationaux Décembre 2023

Par ailleurs, l’analyse des contributions révèle que le secteur du commerce et des services, avec 50% du PIB, est celui qui crée le plus de richesses, suivi du secteur secondaire (25%) ; le secteur primaire (agriculture, élevage, pêche) reste loin derrière avec 16%.

Source : ANSD notes d’analyse- comptes nationaux Décembre 2023

L’Agriculture sénégalaise ne manque pas de main d’œuvre mais elle est sous équipée

Selon les données du RGPH-5 ANSD 2023, la population rurale occupée du Sénégal est de 1 176 901 personnes qui assurent la production agricole. Sa contribution au PIB de 2022 était 13,55%, soit 2005 milliards CFA. En France, où la population est 3 fois plus nombreuse que celle du Sénégal, il y a beaucoup moins d’agriculteurs qu’au Sénégal. Selon l’INSEE, Ils étaient 720 000, avec une contribution de 1, 4% au PIB de la France en 2023, soit 39,4 milliards d’Euros (25 844 milliards CFA). Autrement dit, un agriculteur français produit ou gagne en moyenne 20 fois plus que le paysan sénégalais. L’explication est à chercher dans le caractère extensif et traditionnel de l’agriculture sénégalaise, en contraste avec l’agriculture intensive et moderne de la France.

L’Agriculture sénégalaise doit rompre avec ses méthodes extensives et opter pour une croissance soutenue des rendements et de la productivité. C’est la condition sine qua non pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et le développement endogène d’un complexe agro- industriel.

Pour ce faire elle doit :

  • tout d’abord, faire une réforme foncière pour attirer les investissements privés nationaux et internationaux
  • accroitre les aménagements hydro-agricoles pour sortir de la dépendance à l’agriculture pluviale, accroître les surfaces irriguées et améliorer la qualité des sols
  • investir dans les infrastructures rurales : routes, sites de stockage-conservation et plateformes ou réseaux d’approvisionnement et de distribution.
  • faire de l’agriculture vivrière une priorité pour combattre l’insécurité alimentaire et réduire la dépendance alimentaire.
  • renforcer la recherche-développement pour avoir des intrants de qualité et adopter les technologiques et méthodes de production de pointe.

Pr Amath Ndiaye FASEG-UCAD (Au service de la communauté 16 Juillet 2024)

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