Thiaroye, secret d’archives ?

Le 1er décembre 1944, le camp de Thiaroye se transformait en champ de bataille. Des tirailleurs sénégalais, revenant d’Europe après avoir combattu pour la France libre, furent massacrés. Près de 80 ans plus tard, les circonstances exactes de ce drame restent floues. Pourquoi ? Parce qu’une partie des archives relatives à cette tragédie sont toujours classées comme confidentielles, malgré les demandes répétées des historiens et des familles des victimes. Ce mur du silence entoure-t-il des secrets d’État trop gênants pour être révélés ?

« Classification, déclassification et dérogation,

L’opinion va beaucoup gloser sur les secrets de Thiaroye, des archives interdites, cachées volontairement. La sagesse des nations voudrait que l’on clarifie de quoi on parle et de s’assurer  des termes du débat. La question de l’accès aux archives est régie par des traditions différentes selon qu’on est dans les pays anglo-saxons ou latins. Dans les premiers, la déclassification consiste à rendre accessible des documents avant les délais  prescrits. En France, la pratique de la déclassification n’est pas courante. Le code du patrimoine admet la politique de la dérogation qui est une faveur faite à un usager. L’archiviste national peut accorder le droit de consultation à un chercheur tout en s’assurant que les intérêts du public et de l’Etat sont sauvegardés. La législation sénégalaise étant une copie conforme de celle française, l’accès aux archives suit les mêmes cadres. Les délais d’accès aux Archives publiques varient entre 30, 50, 75 et 120 ans selon qu’il s’agit des données judiciaires, médicales, statistiques ou de l’état civil. Pour éviter des abus, des commissions d’accès aux documents administratifs sont créés pour arbitrer des contentieux de demandes d’accès aux documents administratifs. Les chercheurs sénégalais qui souhaitent accéder au dossier judiciaire de l’affaire Dia/Senghor peuvent le demander librement aux Archives du Sénégal et ceux qui veulent mettre le nez dans l’affaire maître Seye devront encore patienter 50 ans. En attendant, on peut toujours exhumer les fosses communes de Thiaroye pour déterminer le nombre approximatif de morts par la France. Historiens, médecins légistes, archéologues et autres spécialistes seront nécessaires pour alimenter les nouvelles archives de Thiaroye.

En attendant de démêler les inextricables enchevêtrement entre histoire et mémoire, archivistes, historiens et politiciens devront naviguer dans les conflits  et les concurrences mémoriels.

Par Adama Aly PAM

  1. C’est pour éviter des mouvements xénophobe et racistes que la France s’ entête à garder les secrets des actes barbares perpétrés par les soit disants colons

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

More like this

Economie : Pourquoi le prix de votre café, votre chocolat...

Depuis plusieurs mois, les consommateurs du monde entier ont vu le prix du café s’envoler. Selon nos confrères...

Caisse des dépôts et consignations : Un Salon national des...

La Caisse de Dépôt et Consignations (CDC), a organisé un atelier de partage le 5 septembre 2024....

First Sattelite day : célébration du lancement historique du premier...

L’importance des sciences et technologies spatiales dans l’appui aux processus de décision pour la gestion des ressources...