Suite au naufrage d’une pirogue de migrants qui a fait une quarantaine de victimes au large de Mbour, Greenpeace Afrique est sortie de sa réserve. Pour l’Ong, cette catastrophe rappelle l’urgence d’agir pour mettre fin à ces traversées mortifères.
“ C’est une véritable tragédie qui se déroule sous nos yeux. Chaque vie anéantie en mer est une perte incommensurable pour les familles et pour notre nation. Il faut le préciser, cette tragédie est étroitement liée à la crise de grande ampleur que subit le secteur de la pêche au Sénégal. La mauvaise gestion des ressources halieutiques a conduit à une surexploitation industrielle massive, qui a plongé de nombreux pêcheurs artisanaux dans une précarité croissante.”, souligne Dr Aliou Ba, responsable de la campagne Océan chez Greenpeace Afrique.
Pour lui, “le secteur de la pêche représente pourtant une richesse énorme encore mal exploitée en raison d’une mauvaise gouvernance. Les pêcheurs sénégalais, héritiers d’une longue tradition et autrefois fiers de leur métier, se retrouvent aujourd’hui dans l’incapacité de subvenir aux besoins de leurs familles. Désespérés et sans autres sources de revenus certains se sont reconvertis dans le transport illégal de migrants, devenant de facto des acteurs de drames similaires à celui de Mbour”.
“L’Afrique a le potentiel de nourrir et de prendre soin de sa population. Le fait de se tourner constamment vers l’extérieur résulte d’une mauvaise gestion des ressources. La répression et la surveillance ne sont que des pansements sur une plaie béante. La vraie solution réside dans la restauration du secteur de la pêche. Nous devons agir collectivement pour assurer une gestion durable de nos ressources marines, afin de garantir des conditions de vie décentes à nos pêcheurs et communautés côtières ainsi qu’un avenir pour les générations futures”, poursuit Aliou Ba.
Toutefois, avertit Dr Ba, « si l’exode des pêcheurs se poursuit, nous risquons de nous retrouver face à une double crise ». D’une part, « la pêche artisanale, pilier de notre économie côtière, se retrouvera à court de main-d’œuvre qualifiée », d’autre part, notre sécurité alimentaire est directement menacée », explique-t-il. Ce qui l’amène à penser que « sans une pêche locale dynamique, nous ne serons plus en mesure de fournir suffisamment de poisson pour nourrir notre population ». Ainsi, même si au niveau de Greenpeace on reconnaît les efforts consentis par le nouveau gouvernement en matière de transparence dans la gestion des ressources halieutiques, il n’en demeure pas moins que Dr Aliou Ba qu’ »ils doivent être amplifiés et accélérés”.
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