Climat : Quand la présidence de la COP29 fait l’impasse sur les énergies fossiles

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Le principal objectif de la COP29 sera de trouver un nouvel objectif de financement pour aider les pays en développement à s’attaquer au changement climatique. Mais alors que le sujet est au point mort, l’Azerbaïdjan, pays hôte du sommet, esquive également l’abandon progressif des énergies fossiles obtenu à la COP28. De quoi susciter des craintes sur les chances de succès à Bakou en novembre.

À moins de deux mois de la COP29 sur le climat, la présidence azerbaïdjanaise tente de sauver les meubles. Alors que les discussions autour d’unnouvel objectif de financement climatique entre les pays riches et les pays en développement sont toujours au point mort, elle a dévoilé en début de semaine une liste de 14 initiatives volontaires, un agenda d’action volontaire propre à chaque présidence de Cop, auquel les pays décident de s’engager ou pas. Stockage de l’électricité, réseaux, hydrogène, émissions de méthane dans le secteur des déchets, villes saines et résistantes, tourisme, les sujets sont vastes et variés mais aucun ne concerne l’abandon progressif des énergies fossiles et le triplement des énergies renouvelables, pourtant actés lors de la COP28 de Dubaï.

“La présidence azerbaïdjanaise de la COP29 suscite à nouveau de sérieuses inquiétudes quant à un véritable engagement en faveur de la transition énergétique”, pointe Andreas Sieber, directeur adjoint des politiques et des campagnes de 350.org. L’ONG regrette également que l’un des sponsors de la COP29 soit SOCAR Green, une filiale de la compagnie pétrolière nationale azerbaïdjanaise, largement accusée de greenwashing. “La présidence azerbaïdjanaise de la COP envoie le message que la porte est grande ouverte aux accords pétroliers et gaziers afin de continuer à exploiter la planète et les communautés les plus vulnérables. Cela doit changer de toute urgence“, ajoute Andreas Sieber.

Sujet absent du G20

Quelques jours auparavant, début septembre, le négociateur en chef de la COP29, Yalchin Rafiyev, avait prononcé un discours devant les négociateurs en chef des principaux pays et groupes de pays, dans lequel il n’a jamais non plus été fait mention de sortie des énergies fossiles, d’énergies renouvelables ou de transition. Il faut dire que l’Azerbaïdjan est largement dépendant des hydrocarbures et est un important exportateur de gaz notamment vers l’Europe.

Un groupe de cinq pays occidentaux a déclaré au Financial Times qu’ils faisaient pression sur l’Azerbaïdjan pour qu’il donne la priorité aux discussions sur l’élimination progressive des combustibles fossiles, dans le but de contrer le recul intenté par les États pétroliers et leurs alliés, parmi lesquels l’Arabie saoudite, la Russie ou encore la Bolivie. “Nous devons être très clairs avec l’Azerbaïdjan : cette COP ne sera pas un succès si nous ne parlons pas également du processus de mise en œuvre de l’atténuation, y compris de la décision de la COP28″, ont-ils déclaré au quotidien économique.

Le sujet est également au cœur du prochain G20, qui se tiendra au Brésil le 24 octobre prochain. Le projet de déclaration, consulté par l’AFP, “salue et souscrit pleinement au résultat ambitieux et équilibré” de la COP28, mais ne reprend pas explicitement l’appel de la COP à “opérer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques“, qui était le principal acquis de la conférence sur le climat. Ce document marque un recul par rapport à un précédent projet de déclaration, qui reprenait textuellement cet appel à sortir progressivement des fossiles.

Un échec n’est pas à écarter

Ce blocage sur l’atténuation résulte également de l’échec des négociations sur la question financière. Les pays en développement sont en effet tentés de ne pas faire preuve d’ambition alors que les pays riches refusent toujours de mettre un chiffre sur la table. A la place, ils insistent pour élargir la base des contributeurs, en particulier à la Chine et aux pays du Golfe qui eux ne veulent pas en entendre parler. Le principal objectif de la COP29 est d’aboutir à un nouvel objectif de financement, appelé dans le jargon nouvel objectif collectif quantifié (NCQG). Celui-ci doit remplacer l’objectif actuel de 100 milliards de dollars promis par les pays riches pour le financement du climat à partir de 2020, atteint avec deux ans de retard.

Le projet d’accord prévoit toujours sept options très contradictoires, reflétant les très vives tensions entre les blocs sur ce sujet. Le groupe arabe appelle les pays développés à fournir au minimum 441 milliards de dollars par an de subventions, afin de mobiliser, en ajoutant les prêts et financement privés, un total de 1 100 milliards. Le groupe africain défend un objectif annuel de 1 300 milliards de dollars. L’Union européenne et les Etats-Unis estiment que tous les “flux d’investissements mondiaux”, publics et privés, mis bout à bout doivent atteindre au moins 1 000 milliards par an d’ici 2035, sans préciser la part d’aide qui reviendrait aux pays riches.

Pour tenter de trancher la question, le document propose que le nouvel objectif soit rempli par les pays définis à la convention de Rio, les pays dits développés, ainsi que par ceux “qui ont un Revenu national brut supérieur (RNB) à 52 000 dollars par habitant ou sont dans le top 10 des pays émetteurs de gaz à effet de serre cumulés avec un RNB de 20 000 dollars par habitants”. Les discussions s’annoncent en tout cas ardues, et un risque d’échec n’est pas à écarter, de l’aveu même de Moukhtar Babaïev, le ministre azerbaïdjanais de l’Écologie et des Ressources naturelles qui présidera la COP29.

Avec Novethic

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