La première réunion annuelle des Centres régionaux d’excellence pour la Biodiversité et les Forêts en Afrique se tient en ce moment et ce, jusqu’au 11 octobre à Dakar. L’initiative des Centres régionaux d’excellence est financée par l’Union européenne et mise en œuvre par CIFOR-ICRAF en collaboration avec plusieurs partenaires, dont le Centre de Suivi Écologique (CSE) en Afrique de l’Ouest, l’observatoire des forêts d’Afrique Centrale (OFAC) en Afrique centrale, et le Centre Régional de Cartographie des Ressources pour le Développement (RCMRD) en Afrique de l’Est et australe.
L’objectif principal de cette initiative est de garantir une gestion durable des forêts, des écosystèmes et de la biodiversité en Afrique à travers des solutions et des approches basées sur des données scientifiques, explique une note conceptuelle parvenue à Espacedev. Cela permettra à ces ressources de continuer à fournir des services essentiels – tels que l’alimentation, l’eau, le combustible et l’habitat – qui contribuent au bien-être des populations locales, tout en soutenant une croissance économique rapide et un développement à travers le continent.
Pour le Pr Daouda Ngom, ministre de l’Environnement et de la Transition écologique (METE), la préservation de la biodiversité est un impératif catégorique. « Comme nous le savons tous, la Terre est notre mère nourricière en ce qu’elle pourvoit à notre alimentation et fournit les éléments indispensables à notre bien-être intégral dont la biodiversité », prévient-il.
Du reste, ajoute le METE, cette évidence est confirmée par l’Administrateur du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) dans sa déclaration à la COP15 : « La biodiversité est interconnectée, entrelacée et indivisible avec la vie humaine sur Terre. Nos sociétés et nos économies dépendent d’écosystèmes sains et fonctionnels. Il n’y a pas de développement durable sans biodiversité. Il n’y a pas de climat stable sans biodiversité ».
Le programme des Centres Régionaux d’Excellence soutient trois Centres Régionaux d’Excellence en Afrique, situés en Afrique de l’Ouest, en Afrique Centrale, ainsi qu’en Afrique de l’Est et Australe. Les centres sont respectivement hébergés par le CSE, l’OFAC et le RCMRD.
À en croire le Pr Ngom, d’après les statistiques de la FAO, l’Afrique perd chaque année, 4,4 millions ha de forêts à cause de l’expansion agricole et de l’exploitation forestière. De même, 34 % des pêcheries marines sont exploitées de manière non-durable. Près de 10 millions d’hectares de forêts disparaissent annuellement et environ 70 millions d’hectares sont touchés par les incendies. Cette situation fragilise nos systèmes de production et expose les communautés à l’insécurité alimentaire.
Devant cette situation, le renforcement de la gouvernance, afin de s’attaquer aux racines profondes de la dégradation de l’environnement et de ses ressources vitales pour les populations, constitue une sur priorité. En effet, la gestion durable des ressources naturelles passera, sans nul doute, par la mise en place d’un bon système de gouvernance. C’est tout le sens de renforcer les capacités des acteurs en vue de les doter des outils pour la planification et la gestion durable des données de l’environnement et des ressources naturelles.
Ainsi, souligne-t-il, l’objectif général de l’initiative de ce Centre d‘Excellence est de veiller à ce que les forêts, la biodiversité et les écosystèmes marins en Afrique continuent à fournir des services essentiels et contribuent au bien-être des populations, en améliorant l’accès à des informations régulières et actualisées pour une prise de décision éclairée.
L’initiative du Centre régional d’Excellence (Biodiversité et forêts), qui s’étendra de janvier 2024 à décembre 2027, comporte trois projets interconnectés couvrant, respectivement, l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale et l’Afrique orientale et australe. Par conséquent, elle couvre toute l’Afrique subsaharienne.
Selon Jean-Marc Pisani, Ambassadeur de l’Union européenne au Sénégal, la protection de la biodiversité se justifie clairement sur le plan économique. Les gènes, les espèces et les services écosystémiques sont des intrants indispensables à l’industrie et aux entreprises, notamment pour la production de médicaments par exemple. Plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature et des services qu’elle fournit.
C’est dans ce contexte de double urgence climatique et de préservation de la biodiversité, révèle-t-il, que la communauté internationale a adopté en Décembre 2022 un accord historique, le « Cadre Mondial pour la Biodiversité » de Kunming – Montréal visant à prendre des mesures rapides pour protéger 30 % de la planète, restaurer 30 % des écosystèmes et doubler les ressources destinées à la protection de la nature d’ici à 2030.
Espacedev