Sous une chaleur accablante, une silhouette frêle mais dynamique s’active autour d’une marmite à feu. D’un geste technique éprouvé, Satou plonge une grande louche dans le bouillon, qu’elle verse dans une assiette garnie de thiéboudiène, le plat emblématique du Sénégal composé de poisson assaisonné et de légumes servis avec du riz cuit à la vapeur.
« Mon thiéboudiène est succulent, d’autant plus qu’il a été préparé avec du riz local que j’ai moi-même cultivé. Le thiep est bien meilleur avec notre riz local », affirme cette mère de quatre enfants dans un sourire de satisfaction.
Satou vit à Ndiaye Kounda, un village du nord-ouest du Sénégal. Elle préside l’association des femmes rizicultrices du village. Lorsque son mari a perdu son emploi et est tombé malade il y a cinq ans, Satou a dû prendre à elle seule la charge de la famille. La culture et le commerce du riz local lui a permis de faire face aux dépenses de son foyer, lui apportant un véritable soulagement.
Dans le cadre de sa stratégie d’autosuffisance en riz, le Sénégal a mis en place le Projet d’appui à la sécurité alimentaire dans les régions de Louga, Matam et Kaffrine (PASA/LOUMAKAF) afin d’assurer la sécurité alimentaire des populations locales et de lutter contre la pauvreté. Les autorités sénégalaises ont bénéficié de l’appui de partenaires, dont la Banque africaine de développement et le Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP, de son acronyme anglais).
Lancé en 2014, le projet a reçu 40 millions de dollars américains du GAFSP et 2,8 millions de dollars sous la forme d’un prêt du Fonds africain de développement, le guichet de prêts à taux concessionnels du Groupe de la Banque. En termes d’infrastructures agricoles, le projet a réalisé l’aménagement de 2 500 hectares de bas-fonds rizicoles, la construction de cinq centres de groupage, l’aménagement d’une quarantaine de fermes sur 390 hectares de périmètres irrigués autour de 32 forages ainsi que de 60 hectares de jardins maraîchers, et la construction de 26 bâtiments d’exploitation.
À Ndiaye Kounda, la mise en œuvre du projet a permis de développer la maîtrise de l’eau avec la construction d’un barrage, le renforcement des capacités avec l’amélioration des techniques de plantation du riz, et la fourniture d’intrants et d’équipements agricoles.
Depuis, la production de riz issue de l’association dirigée par Satou est passée de 800 kilos à 3,2 tonnes par hectare. C’est une véritable aubaine pour les femmes qui nourrissent les habitants du village et livrent une partie de leurs récoltes sur différents marchés du Sénégal.
« Grâce au riz local que nous cultivons, j’ai participé pour la première fois de ma vie au Salon international de l’agriculture à Dakar. C’est une véritable fierté pour moi ! Aujourd’hui, je paie la scolarité de mes enfants, j’ai même développé d’autres activités génératrices de revenus grâce à l’argent gagné en vendant du riz », confie Satou.
Selon le Fonds international du développement de l’agriculture, partenaire du Groupe de la Banque africaine de développement, les femmes vivant dans les zones rurales représentent près de 70 % de la main-d’œuvre au Sénégal et assurent 80 % de l’approvisionnement alimentaire national. Des femmes comme Satou sont un pilier essentiel de la sécurité alimentaire du pays.