La Conférence des Nations unies sur la biodiversité s’ouvre ce lundi à Cali en Colombie, où les représentants de quelque 200 pays sont attendus. Seizième du genre des pays signataires de la Convention internationale sur la diversité biologique (CDB), cette réunion est la première depuis l’adoption en 2022 de l’Accord de Kunming-Montréal. Deux ans plus tard, l’heure est donc à un premier bilan, mais pas seulement. Face à l’effondrement toujours plus rapide de la biodiversité, certains pays et associations appellent à de nouvelles mesures.
La Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) à Montréal, au Canada, avait accouché d’un accord historique destiné à guider l’action mondiale en faveur de la nature jusqu’en 2030. Les représentants de 188 gouvernements s’étaient réunis à Montréal depuis deux semaines pour cet important sommet.
Présidée par la Chine et accueillie par le Canada, la COP15 avait abouti à l’adoption du Cadre mondial pour la biodiversité (CMB) Kunming-Montréal le dernier jour des négociations. Le Fonds-cadre mondial pour la biodiversité, dont la vocation est de « mobiliser et accélérer les investissements dans la conservation et la durabilité des espèces sauvages et des écosystèmes », venait d’être créé à l’occasion de l’assemblée du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), à Vancouver, au Canada. Sa mise en œuvre avait été annoncée en décembre 2022 lors de la COP 15 de la Convention sur la diversité biologique, à Montréal, afin d’atteindre les objectifs du nouveau cadre mondial pour la biodiversité (GBF) : 30 % des terres et océans protégés, et la même proportion restaurée, d’ici à 2030. Il contient également des propositions visant à accroître le financement des pays en développement, un point de friction majeur au cours des négociations.
L’enjeu ne pourrait être plus important : la planète connaît un dangereux déclin de la nature dû à l’activité humaine. Un million d’espèces végétales et animales sont aujourd’hui menacées d’extinction, la plupart en quelques décennies.
Donc, tout porte à croire que l’objectif de la COP15 était clair. Il s’agissait de parvenir à un consensus pour conclure un « pacte de paix avec la nature » pour les dix années suivantes, une période charnière pour conserver des conditions de vie soutenables pour l’humanité.
Les signataires de l' »Accord de Kunming-Montréal » s’était engagés à présenter d’ici la COP suivante une « stratégie nationale biodiversité » reflétant leur part des efforts pour tenir les 23 objectifs mondiaux fixés d’ici à 2030 : protéger 30% des terres et mers, restaurer 30% des écosystèmes dégradés, réduire de moitié les pesticides et le taux d’introduction d’espèces exotiques envahissantes, débloquer 30 milliards de dollars d’aide annuelle à la conservation pour les pays en développement…
L’heure des comptes est enfin arrivée avec la COP16. Le moment est donc venu pour les gouvernements d’évaluer l’état de la mise en œuvre de ce cadre mondial et d’évaluer leurs progrès par rapport aux objectifs fixés en 2022… mais cela s’annonce déjà compliqué. Selon l’outil de rapport en ligne mis en place par le secrétariat de la CDB, seuls 32 des 196 parties signataires ont soumis une stratégie complète et 103 ont soumis des cibles nationales. Malgré les retardataires, la COP16 en Colombie a pour objectif de fixer un cadre opérationnel de suivi des progrès des États par rapport à ces objectifs, comme dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat. Il s’agira de fixer le calendrier des prochaines réunions, avec une réévaluation régulière des objectifs et des progrès. L’enjeu sera également de mobiliser les ressources, notamment financières et techniques, pour assurer l’atteinte des objectifs fixés par l’Accord de Kunming-Montréal.
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