Le hashtag combattre la pollution plastique, le message va résonner dans les quatre coins du globe. Mais il le sera encore plus, en terre africaine. En cause : la Côte d’Ivoire est le pays hôte de la 50 ème édition de la journée mondiale de l’environnement. Une journée, célébrée chaque 5 juin depuis 1973, mais loin d’être une fête. Le plastique remporte, pour le moment, le combat contre sa prolifération. De Paris à Abidjan en passant par Dakar, l’équation reste entière.
Abidjan, capitale de la lutte contre la pollution plastique. En tout cas, le temps d’une Journée mondiale. Celle du cinquantenaire de l’environnement, en terre ivoirienne, sous le sceau du combat contre cette matière destructrice. Illustration avec la lagune Ebrié, vitrine d’Abidjan, immense plan d’eau saumâtre de 120.000 hectares. Une carte postale, traversant plusieurs villes jusqu’à Grand-Bassam, qui brillent à une certaine heure sur les vitres des gratte-ciels. Mais la merveille Ebrié s’est transformée en une problématique écologique. Aux alentours du milieu naturel, sous ses eaux, les déchets dictent leur loi. La lagune, hélas poissonneuse, ne fait plus nourrir les pêcheurs. Un constat que des journalistes, des militants de l’environnement ont confirmé le mois de Décembre 2022, lors du lancement de Terra Africa. Un projet de CFI qui vise à améliorer le traitement du journalisme environnement sur le continent dont Emedia Invest est bénéficiaire.
En Côte d’Ivoire, le fléau plastique gagne du terrain, les limites de tout un système de recyclage. Rien que dans la capitale ivoirienne 290.000 tonnes de déchets sont produites chaque année alors que seuls 3% sont réutilisés et valorisés au plan national. Un chiffre exposé aux médias locaux et internationaux par Yaya Koné, président de Coliba Africa, société spécialisée dans le recyclage des déchets plastiques. Une situation loin d’être une exception sur le continent. Le Sénégal confirme la règle.
Lutte contre le péril plastique au Sénégal : une loi sans rigueur.
Plus de trois ans de mise en œuvre sans résultats probants. Entrée en vigueur le 20 avril 2020, loi n°2020-04 du 8 janvier 2020 interdisant les produits plastiques à usage unique peine à porter ses fruits. À Dakar, tout comme ailleurs dans le pays, les sachets et autres types de déchets règnent en maître dans les rues, dans les plages voire au fond de la mer.
Les derniers repères officiels qui peuvent servir de baromètre : 182 opérations menées sur toute l’étendue du territoire national et plus de 70 tonnes du produit prohibé saisies dont plus de la moitié dans la région de Dakar. Des opérations éclair qui n’ébranlent pas la machine plastique. De la production à la commercialisation en passant par l’importation tout un circuit qui résiste à la loi. Face à ce constat, « il urge de mettre en œuvre certains décrets d’application », réagit Baye Salla Mar. Le président de l’alliance des écologistes du Sénégal invite ainsi l’Etat à prendre des « mesures incitatives ». C’est-à-dire accompagner les entreprises évoluant dans le secteur à se reconvertir dans le recyclage. Elles sont plus de 700 unités qui produisent et distribuent de l’eau filtrée dans les sachets. Et d’ailleurs, les promoteurs ont mené des pressions médiatiques, sans doute en coulisse, pour pousser le ministre de l’Environnement et du Développement Durable à mettre en stand-by certaines dispositions de la loi contre le péril plastique. L’ex ministre d’alors Abdou Karim Sall avait desserré l’étau sous prétexte des conséquences néfastes de la pandémie covid 19 sur l’économie nationale. Un sursis pour préserver près de 30 000 emplois directs ou indirects menacés (estimation du collectif qui regroupe les producteurs de plastique).
Trois ans après, de l’eau a coulé sous les ponts, Alioune Ndoye est désormais aux commandes. Mais pour le moment, pas de changement de paradigme. « Le plastique est le matériau qui occupe la part dominante et croissante des déchets en mer » fait observer Mamadou Sall Seck. Il s’agit là d’une menace mondiale, ajoute le juriste du droit de l’environnement. Selon lui, « 100.000 mammifères meurent chaque année après avoir ingéré des déchets plastiques ». L’Homme pourvoyeur du plastique n’est pas épargné par ses conséquences néfastes notamment sur la santé humaine. Mamadou Sall Seck donne plus de précisions. « Le brûler à ciel ouvert entraine des productions de polluants persistants tels que le dioxine ou le furane qui provoquent l’irritation des yeux, des maladies respiratoires, cardiovasculaires voire des cancers », explique le juriste environnemental. Des risques sanitaires et écologiques qui mobilisent plus que jamais des États, des acteurs de la société civile, des Organisations Non Gouvernementales.
Le plastique, une bataille géostratégique
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