Dans un communiqué commun daté du 28 janvier 2024, les trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ont annoncé leur retrait pur et simple de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui regroupent depuis le 28 mai 1975, les 15 pays de la Région.
Dès la publication de cette décision historique, les conséquences économiques d’une sortie de ces 3 pays de cette organisation économique régionale font l’objet d’intenses débats – favorisés par le fait que celles-ci, en l’absence de toute étude économique, sont extrêmement difficiles à anticiper. Pour autant, la quasi-totalité des auteurs et praticiens s’accordent sur le fait que les lourdes sanctions imposées depuis le 26 juillet 2023 ont un effet déstabilisant sur l’économie nigérienne mais aussi sur celle de certains pays de l’espace communautaire notamment les 2 autres pays membres de l’AES. De même, l’effet éventuel sur les millions de nigériens résidant dans les pays côtiers au lieu d’inquiéter pourrait être une impulsion positive pour le développement avec le rapatriement probable de ressources financières et humaines importantes.
Aussi les divergences d’appréciation semblent-elles essentiellement concerner les perspectives à moyen et long termes.
Le présent développement a donc pour finalité première de s’interroger sur les effets économiques possibles de ce qu’on pourrait désormais appeler « AESEXIT ».
A cet égard, il apparaît que les incidences du retrait du Burkina Faso du Mali et du Niger de la Communauté ne seraient pas seulement défavorables pour l’économie de ces trois nations, mais également pour celles des autres États de l’espace communautaire. En effet, s’il ne fait aucun doute qu’une sortie de l’AES présenterait des aspects non bénéfiques – ce que ne manquent pas de souligner les opposants de celle-ci ces derniers doivent toutefois être relativisés. La question essentielle est de savoir quel est le poids réel des échanges intracommunautaires.
Au regard des statistiques officielles, le commerce intrarégional est d’une ampleur relativement limitée dans l’espace CEDEAO. Il représente environ 9,0% du total des exportations des pays membres et 10,5% du total des importations. De plus la marginalisation du continent, et de l’espace CEDEAO en particulier par rapport au commerce mondial, s’accentue au fil du temps. En effet, au cours des trois dernières décennies, le commerce des pays d’Afrique apparaît faible et marginal par rapport aux autres régions du monde, notamment les autres régions en développement ou émergentes.
Affinons l’analyse en remarquant que les échanges entre les pays de l’UEMOA reflètent un dynamisme plus important que les échanges intra-CEDEAO, avec 15,2% du total des exportations et 9,3% du total des importations. Cela s’expliquerait par le fait que l’unification monétaire en elle-même tend à accroitre le volume des échanges
(Benassy-Quere (2005), Frankel et Rose (2002)).
Au regard de la faible performance économique de la CEDEAO et de l’UEMOA, on pourrait s’attendre à ce qu’un ensemble économique plus cohérent que constituerait l’AES aurait un impact plus important en termes d’échanges et de développement économique. Je vous invite au débat globalmanagement227@gmail.com