Il a longtemps été un symbole de modernité. Découvert dans les années 1960, le plastique est aujourd’hui omniprésent : bâtiment, automobile, loisirs… et alimentation, où il est utilisé comme un emballage bon marché garantissant la sécurité alimentaire. Selon un rapport de l’OCDE de février 2022, 353 millions de tonnes de déchets plastiques ont été produites en 2019, dont près « des deux tiers proviennent de produits plastiques dont la durée de vie est inférieure à cinq ans », comme les emballages.
Problème : le plastique est un matériau qui n’est pas biodégradable. Selon l’IFPEN, l’Institut français pour les énergies nouvelles, « il faut […] 10 à 20 ans à un sachet plastique pour se dégrader, et pas moins de 450 ans pour une bouteille plastique ».
Le recyclage, une « illusion » qui pousse à la consommation
Le recyclage consiste à récupérer le matériau à l’infini. C’est possible pour le verre, mais beaucoup moins pour le plastique. Selon un article de Nathalie Gontard, chercheuse en science des emballages à l’Inrae, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, paru dans The Conversation, « moins de 2 % des plastiques usagés sont recyclés idéalement en circuit fermé, c’est-à-dire récupérés pour produire un matériau utilisable comme un plastique neuf et indiscernable de ce dernier ». Pour le reste, la chercheuse parle plutôt de « décyclage ». « On va transformer un déchet plastique en un autre objet : une barquette va ainsi devenir un pull ou un pot de fleurs, remplaçant la laine ou la terre cuite », ajoute-t-elle dans un entretien à Ouest-France.
Pour Nathalie Gontard, le recyclage est une « illusion » car il n’incite pas à moins consommer.
Une industrie énergivore et coûteuse
Autre point négatif : le recyclage n’est pas une industrie sobre en ressources. Le processus de recyclage émet des gaz à effet de serre et représente un poste de dépense conséquent. S’il est difficile d’en estimer le coût « en tant que tel » selon Flore Berlingen, « les déchets ménagers […] coûtent 16 milliards d’euros par an en collecte, traitement et « élimination » », indique-t-elle dans un entretien au média We Demain.
Enfin, le recyclage — ou le décyclage — ne concerne que la moitié des déchets plastiques issus des emballages. Selon l’Inrae, plus du tiers de ces déchets sont tout simplement incinérés, ce qui génère d’importantes quantités de CO2, et 16 % sont enfouis dans les sols dans des bâches elles aussi en plastique.
Tout cela ne signifie pas pour autant que trier ne sert à rien. Le recyclage des emballages en plastique permet malgré tout de limiter leur impact environnemental. Selon l’Ademe, l’agence française de la transition écologique, une tonne de plastique recyclé économise par rapport à une tonne de matière vierge. Mais le recyclage ne doit pas être l’unique solution. Le mieux reste encore de réduire l’utilisation des emballages en plastique, et de se tourner vers des pratiques zéro-déchet.
Avec l’Info durable