« Je demeure convaincu, qu’il ne peut y avoir de développement sans investissements domestiques en monnaie locale. C’est fort de ce constat,que mon Gouvernement compte faire de la promotion des mécanismes innovants de financement le principal levier de mobilisation de ressources domestiques auprès des ménages, des entreprises non financières et des investisseurs institutionnels.
En ce qui concerne les ménages, la stratégie de mobilisation des financements nécessaires à l’exécution des programmes et projets de la SNDS 2025-2029 intégrera l’intérêt à susciter auprès des Sénégalais pour leur participation financière à l’effort de transformation structurelle du pays. À cet égard, un recours sera fait aux Organismes de Placement Collectif (OPC) de types conventionnel ou islamiqueselon les préférences des épargnants sénégalais.
Ces OPC pourront souscrire à (i) des obligations et Sukuks dits « Patriotes » émis par le Trésor public, ou par des sociétés de projet pour les grands travaux figurant dans le Référentiel, (ii) des actions de sociétés publiques ou parapubliques, soit dans le cadre de la constitution de leur capital social, de leur augmentation ou de l’ouverture de leur capital social (iii) au rachat d’une partie des actions détenues par des entités étrangères dans des sociétés de droit sénégalais dans le cadre de la politique de souveraineté nationale.
Pour les personnes physiques disposant de capacités substantielles d’épargne et les entreprises sénégalaisesdésireuses de se positionner dans la participation au financement des grands travaux d’investissement, des opérations de souveraineté économique (telles que les rachats de parts d’entreprises étrangères) ou dans la souscription aux augmentations de capital et à la cession de parts de capital de l’Etat dans des entreprises publiques et parapubliques, il leur sera offert la possibilité de participer à des Fonds d’Investissement Alternatifs (FIA).
Concernant les investisseurs institutionnels publics nationaux, l’accent sera mis sur l’épargne longue qu’ils détiennent en la canalisant dans le financement des programmes de la SNDS 2025-2029 financés sous la forme de Project-finance. Il s’agit notamment de la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC), du Fonds national de retraite et du FONSIS. Les caisses de retraite privées nationales et les sociétés d’assurance seront également sollicitées dans la structuration du financement de ces projets.
A cet égard, conformément aux dispositions de loi n° 2017- 32 modifiant la loi n° 2006-03 relative à la CDC, des mesures urgentes seront prises en vue du strict respect par les entités assujetties au titre du dépôt à la CDC des fonds qu’elles détiennent, en particulier les notaires et certains concessionnaires.
S’agissant de l’approfondissement du marché du crédit bancaire, le relèvement à 20 milliards de FCFA du capital social minimum des banques au plus tard en janvier 2027, devra renforcer les capacités de prêts des banques notamment au secteur privé. Pour ce qui est des banques à capitaux publics majoritaires, notamment La Banque Agricole, la BNDE, la BHS et la BRM, mon Gouvernement compte notablement augmenter leurs capacités de financement au profit du secteur privé, en renforçant leurs fonds propres à la mesure des ambitions du Plan quinquennal pour les secteurs desservis en financement que sont le secteur primaire, les PME, PMI et TPE ainsi que l’habitat social.
Le secteur de la microfinancesera également davantage mis à contribution dans le financement de l’artisanat, de la formalisation du secteur informel et de l’agriculture.
Les mécanismes financiers publics de promotion et de garantie du financementdes secteurs jugés prioritaires par le Gouvernement, seront mis en synergie avec une répartition claire des rôles et une meilleure articulation des interventions en fonction des cibles.
Enfin, les mécanismes de financement vertsseront déployés pour tout projet ayant une composante de durabilité.
L’emphase mise sur l’impérieuse nécessité de créer les conditions endogènes d’agir d’abord sur notre potentiel marginal de mobilisations de ressources domestiques, constitue la meilleure garantie d’une résilience aux chocs pouvant affecter les financements extérieurs auxquels mon Gouvernement continuera de recourir de manière responsable.
L’objectif visé est de diminuer l’exposition au risque de change et de dégager des marges de manœuvre budgétaire pour ramener et maintenir le profil de la dette extérieure à un risque faible. Dans ce cadre, en notre qualité d’Etat membre du FMI et du Groupe de la Banque Mondiale, le recours à ces institutions obéira à leurs qualités respectives de prêteur en dernier ressort notamment en cas de choc sur la balance des paiements et de partenaire stratégique, pour les investissements publics à des taux concessionnels, et privés en particulier pour les PPP. Nous poursuivrons également les excellentes relations avec le Groupe de la Banque Islamique de Développement sur qui nous comptons énormément pour développer nos opérations bilatérales mais aussi en qualité d’institution catalyseur de notre résolution à attirer vers le Sénégal davantage d’investissements privés et publics des pays arabes et islamiques. Nous nous appuierons aussi sur la Banque Africaine de Développement (BAD), partenaire historique du Sénégal mais aussi sur les institutions multilatérales sous régionales (BOAD, BIDC, etc), la BADEA, la BEI ainsi que tous les autres multilatéraux désireux d’intervenir dans le pays.
Mon Gouvernement compte également maintenir les relations bilatérales de partenariats au développement avec tous les pays qui s’inscrivent dans la ligne de nos choix de politiques économiques et sociales, sans d’autres conditionnalités que celles tenant aux exigences techniques et financières relatives au remboursement de leurs concours financiers.
Par ailleurs, nous continuerons, en cas de besoin, de procéder à des émissions d’euro-obligations et de Sukuks principalement sous la forme de Project finance et, dans une certaine mesure, pour la gestion du risque de refinancement des obligations ou Sukuks échus ou à échoir.
Bref, nous maintiendrons avec la communauté financière internationale et les marchés les meilleures relations possibles, d’une part, dans le respect des intérêts du Sénégal et, d’autre part, avec l’exigence d’une introspection, de leur part, sur les inerties de leurs règles et attitudes qui n’ont pu prévenir la situation désastreuse des finances publiques héritée du régime précédent ».
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