Contribution : Alerte sur le conseil interministériel dédié au secteur du tourisme

0
208

La réunion hebdomadaire du Conseil des ministres du mercredi 12 Févier 2025, a évoqué l’agenda des réunions et conseils interministériels du Premier ministre, notamment le tourisme. Il a, en outre, précisé que cet agenda sera ajusté en fonctions des besoins d’organisation d’autres réunions.

Je voudrais attirer l’attention du gouvernement que le secteur du tourisme a besoin d’être réformé en profondeur et en toute urgence. Afin d’ouvrir de nouvelles perspectives, pour dynamiser l’investissement, la création de richesses, et l’emploi des jeunes diplômés. Nous saluons la volonté du Chef du Gouvernement, de tenir un conseil interministériel sur le tourisme. Il me semble que les carottes sont cuites, mais il y a des préalables à ne pas oublier. J’ose croire en fonction des besoins de chaque secteur, il sera tenu de large concertations à travers des assises du tourisme, ou tous les acteurs et organisations faîtières seront conviés.

Un conseil interministériel est toujours précédé d’une large concertation à la base, et un cadrage gouvernemental avec les ministères concernés, les Ongs, et partenaires au développement, et une large communication auprès des populations et communautés impliquées dans la gestion de près et de loin.

Réformer le secteur du tourisme est une urgence, et six choses essentielles sont indispensables :

1- Le transfert de compétences du tourisme :  Un modèle partenarial de gouvernance du tourisme avec les collectivités territoriales ;

2 – La restructuration de la Sapco et de l’ASPT en plusieurs entités sans lien hiérarchique mais sous tutelle ministérielle ;

3 -L’ouverture du capital de la Sapco et de l’ASPT aux acteurs privés sénégalais pour matérialiser le partenariat public privé, permettre une gestion transparente et inclusive du tourisme sous le contrôle et à travers un contrat de performance et des obligations de résultats ;

4 – Prendre en compte les mutations technologiques, digitalisation, robotique, Intelligence Artificielle, géolocalisation et interprétation en langue étrangères ;

5 – Créer des directions pour le financement des actions de promotion et d’ingénierie touristique, de défiscalisation locale destinée aux rénovations des campements et de petits hôtels, de formations et de stages pour les apprenants ;

6 – Il faut moins d’État dans le secteur du tourisme qui est un secteur marchand.

L’affaiblissement de la politique touristique vient souvent de l’État qui a tous les pouvoirs. Or, le secteur touristique repose sur des spécificités qui nécessitent une gestion indépendante et spécialisée. C’est un secteur qui fait face à des contraintes budgétaires, commerciales, et de marketing promotionnelles, avec des marges bénéficiaires précaires à cause des taux d’occupation, et de la saisonnalité. Il faut libérer ce secteur marchand dont la base est l’échange de prestations de services, contre une rémunération financière.

Si le gouvernement ne change pas les règles actuelles de gouvernance et de vision, sur l’approche globale du secteur du tourisme, qui repose sur une transversalité organisationnelle, et opérationnelle, nous assisterons à l’enlisement du secteur qui s’enfoncera davantage dans l’informel, et cela voudrait dire : Tâtonnement, anarchie, fuite des impôts, manque de visibilité, de statistiques, de planification, de prospectives, de piètres prestations de service et j’en passe…

Le tourisme a juste besoin de la présence d’un État qui veille sur son environnement et ses activités règlementées, et d’un secteur privé nationaliste, fort, résilient et dynamique qui remplit ses obligations civiles et commerciales. Je suis persuadé que le rapport de la Cour des comptes n’épargnera pas le secteur du tourisme. J’invite le Chef du gouvernement à faire l’état des lieux sur l’investissement public des programmes dédiés au tourisme

Nous avons tellement de potentiels dans le tourisme, mais il faut sonner la fin de la recréation par le Jub Jubal et le Jubanti ; et ériger en règle orthodoxe le créatif et l’innovation. Je rappelle que le tourisme rural intégré est un ensemble d’outil économique, qui s’adapte à la vision 2050, de l’équité territoriale, pour offrir un mieux-être aux populations locales. Dès lors, les atouts du territoire doivent être mis en évidence autour d’une nouvelle dénomination de la marque du territoire, ce qui permet de faire focus sur une filière en plein développement, l’agritourisme et l’avitourisme, qui correspondent à la fois à la volonté politique du gouvernement de promouvoir un tourisme durable et d’en profiter pour rendre durable l’autonomisation des femmes et des jeunes.

Les avantages du tourisme durable c’est le développement de l’économie locale, la rencontre avec les producteurs locaux et les populations, mais surtout l’approche humaine, la découverte du paysage rural, mieux connaitre les savoir-faire ancestraux qui font l’identité et la richesse de chaque territoire et enfin freiner l’exode rural.

Il nous faut dorénavant une politique touristique ambitieuse et cohérente, guidée par une vision claire, accompagnée par une volonté soutenue de tous les acteurs publics comme privés, en mettant l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

Mouhamed Faouzou Deme

Expert en Tourisme

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici