Nous parlons beaucoup…

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À la lumière de ce que nous constatons dans bien des secteurs, mais particulièrement le secteur du tourisme qui m’intéresse doublement, je voudrais suggérer au gouvernement de s’arrêter sur deux choses principales : Il s’agit des compétences et des actions concrètes. Il faut que nous ayons des compétences adaptées aux défis du tourisme mondial.

Notre tourisme était un levier efficace pour soutenir l’économie et diversifier les sources de revenus, il aidait la population Sénégalaise à comprendre le rôle important qu’il joue dans les communautés. De même qu’il favorise le développement d’infrastructures au sein des communautés locales, le tourisme promeut la diversité des entreprises et des acteurs, Il est l’un des secteurs les plus diversifiés, composé d’hommes, de femmes et de jeunes. Le tourisme est un intégrateur social qui joue un rôle essentiel pour favoriser l’inclusion, promouvoir l’intégration sociale et renforcer la résilience économique, de sorte qu’un large éventail de la population en bénéficie. La population également reconnaît invariablement que le tourisme contribue de façon significative à améliorer les infrastructures de base nécessaires pour les communautés, qui réduit le taux de chômage et de pauvreté.

Le tourisme contribue à l’expansion continue de la connectivité multimodale au sein des communautés partout au Sénégal améliorant ainsi la qualité de vie des résidents et des voyageurs. Le secteur est un important catalyseur des réseaux de transports routiers ferroviaires fluviaux essentiels pour la mobilité qui relie tous les coins du Sénégal ; ces réseaux facilitent la fourniture de biens et de services à la population tout en améliorant l’expérience des visiteurs et en stimulant la croissance du tourisme.

Au regard de la vision 2050 et du pacte de financement de 1 000 milliards F CFA qui sera signé dès Avril 2025 avec les partenaires économiques par le Premier ministre Ousmane Sonko, qui explique que cette initiative vise à faciliter l’accès au crédit et à garantir un soutien effectif aux entrepreneurs sénégalais dont le tourisme représente un nombre non négligeable de PME et de Micro Entreprises qui traversent d’énormes difficultés.

À l’initiative du Premier ministre, je voudrais rajouter en ce qui concerne le tourisme deux nouvelles initiatives à savoir :

1 – la maitrise des statistiques et de toutes les données relatives au secteur du tourisme globalement.

2 – S’approprier les quatre principes de la transversalité puisque le tourisme est l’un des secteurs les plus transversaux.

L’objectif de ces deux initiatives est d’éviter un pilotage à vue et un management organisationnel aux ruptures souvent dévastateurs.

1 – La maitrise des statistiques

Il nous faut toujours enquêter, mesurer, encore mesurer et enquêter ! L’ANSD devrait lancer l’indice de prospérité et de bien-être qui mesure les vastes retombées du tourisme auprès des populations, de la même manière qu’elle le fait pour déterminer la participation du secteur du tourisme au PIB national. Il est important de savoir que l’indice permet de recueillir des données sur les touristes, sur la consommation, les activités commerciales, la création et la production de services.

La cellule des études et de la prospective du ministère du Tourisme en partenariat avec L’ANSD pourraient créer un outil de mesure unique en son genre qui va bien au-delà des paramètres traditionnels (comme les dépenses et les arrivées de visiteurs) pour évaluer de manière exhaustive les bienfaits du tourisme sur nos populations sur notre économie. L’indice de prospérité et de bien-être du tourisme met en lumière comment le secteur soutient les communautés, préserve les cultures, protège les ressources naturelles des différents pôles et stimule la croissance économique, soulignant ainsi la capacité du tourisme à renforcer les économies locales tout en améliorant la compétitivité du secteur du tourisme sur la scène mondiale.

L’indice de prospérité et de bien-être du tourisme offre aux services de l’Etat, aux Patronats de l’industrie du tourisme, aux entreprises et aux responsables politiques, des renseignements sur l’ensemble des pôles partout au Sénégal pour transformer l’avenir du tourisme dans les communautés et favoriser la prospérité inclusive.

L’indice en soi est une clé de voûte de la stratégie de développement de la Destination Sénégal 2050 et pour le tourisme. L’indice est un monde de possibilités, une feuille de route conçue pour exploiter pleinement le potentiel du secteur touristique Sénégalais. L’avantage de cet indice est qu’elle est adossée sur des normes mondiales telles que les objectifs de développement durable et l’initiative de mesurer la durabilité des pratiques du tourisme sur les territoires.

Je décline ci-dessous la recette de cet indice qui est composé de six catégories d’activités interconnectées qui génèrent des recettes, élargissent l’assiette d’imposition, favorisent le réinvestissement et dynamisent la demande, gage d’une prospérité à long terme pour les communautés de l’ensemble du pays.

Économie : Étudie le rôle du tourisme en tant que moteur d’une croissance économique et d’une prospérité durables.

Emploi : Met l’accent sur l’inclusion et évalue la mesure dans laquelle le tourisme crée des emplois de qualité, accessibles et diversifiés.

Soutien : Mesure l’incidence du tourisme sur les infrastructures qui servent à la fois au tourisme et aux communautés locales et qui contribuent à l’accessibilité et à la durabilité à long terme.

Environnement : Étudie l’empreinte environnementale du tourisme, notamment les pratiques de durabilité et la gestion des ressources.

Engagement : Évalue le rôle du tourisme pour favoriser l’inclusion sociale et préserver le patrimoine culturel.

Expérience : Analyse dans quelle mesure le tourisme enrichit la vie des invités et leur propose des expériences transformatrices et mémorables.

Le tourisme joue toujours un rôle important dans les communautés et pour les populations. Cela témoigne du regard positif que l’ONU Tourisme porte sur l’engagement et l’ouverture du tourisme à l’égard des communautés et des territoires.

Pour fermer ce chapitre je dirais que j’ai élaboré cet indice en reconnaissant que la croissance économique ne se conçoit pas en vase clos ; elle fait partie d’un écosystème plus vaste dans lequel des communautés dynamiques, la préservation de la culture et l’intendance environnementale sont indispensables.

Cela nous emmène sur la deuxième initiative qui porte sur la transversalité.  En analysant les retombées du tourisme sous tous les angles, nous pouvons générer des effets bénéfiques à plus long terme qui appuient les communautés et consolident la position du Sénégal en tant que chef de file en matière de tourisme durable dans la sous-région

2 – Les principes de la transversalité et ses différentes formes

1- Sécurité et dignité dans les inter relations et les inter actions dans le respect du principe de ne pas nuire en intégrant la notion de la discrimination positive par l’équité

2- Accès significatif et proportionnel aux besoins et sans obstacles

3- Redevabilité et partage des responsabilités

4- Participation et autonomisation dans les relations fonctionnelles, hiérarchiques et décisionnelles

Le secteur du tourisme est l’une des activités les plus transversales et pour mieux comprendre le tourisme il faudrait comprendre le sens et les contenus de cette transversalité. Le principe de transversalité s’applique sur le plan institutionnel, opérationnel, relationnel qui repose sur une ouverture d’esprits, de compétences, des missions, de partage et d’élégance.

Il faut remarquer que le tourisme est composé de deux acteurs majeurs le politique et le secteur privé qui doivent participer au processus de décision, dans le cadre de la gouvernance ou toute personne compétente sur un segment donné est invitée à participer. En effet le transversal c’est ce qui recoupe plusieurs disciplines, plusieurs secteurs, plusieurs compétences, plusieurs métiers, c’est une ouverture d’esprit afin de construire des liens et des ponts entre les thématiques, les besoins et les objectifs dans ce qui est désormais nos obligations collectives et de s’assurer d’une prise en compte globale des enjeux dans leurs différences d’approches et de perceptions des questions territoriales, commerciales, sécuritaires, environnementales et sociales.

L’intérêt ici est de co construire une stratégie à partir d’une politique ou les quatre principes de la transversalité sont respectées à savoir : Les Compétences transversales qui sont un ensemble de connaissances, de savoir, savoir-faire ou savoir-être qui est maîtrisé par plusieurs métiers, et qui est donc mobilisable dans différentes situations professionnelles et des missions. L’activité touristique favorise la transversalité qui fortifie la chaine de valeur à travers ces principes et mécanismes ci-dessous :

1-  La connaissance mutuelle et la reconnaissance … Si je connais les contraintes de l’autre je peux sans doute davantage y répondre ; écouter les contraintes de l’autre, c’est déjà coopérer.

2- Partager des enjeux communs :La coopération sera plus facile si les personnes partagent des enjeux communs, se dépasser pour préserver les emplois, l’image de l’entreprise, la satisfaction des clients et d’autres enjeux à rendre visible aux yeux des équipes.

3- Des échanges réguliers et apprendre ensemble :Entretenir des conversations, continuer à dialoguer au sein des interactions

4De la disponibilité et de l’agilité :Être au service des autres, à l’heure et au bon moment afin de permette la rapidité dans les coopérations inter-métiers. Cette agilité organisationnelle est un gage d’efficacité.

5-  Donner avant de recevoir : La coopération demande de la générosité ;donner du temps, donner des conseils, donner des encouragements autant d’exemples qui vont aider à coopérer.

6- Des règles du jeu partagé : Avoir des points de repères pour bien fonctionner ensemble ; se donner des permissions et de limites sont nécessaires pour structurer la coopération 

7-  L’ouverture aux autres : Ouvrir les réunions à d’autres personnes des secteurs concernés à travers la chaine de valeur va permettre d’aérer les idées et de découvrir les services que les autres peuvent proposer 

8-  Favoriser des retours d’expériences :Évaluer ce qui a bien fonctionné et ce qui reste à faire sont des moments clés pour renforcer la coopération et la rendre solide. Les témoignages sont souvent riches et permettent également de formaliser des expériences pour demain.

9- Développer la résilience :La coopération se développe aussi à travers des expériences en mettant à l’épreuve nos capacités de rebond. La résilience dépend de deux facteurs. L’un est le soutien mutuel des uns envers les autres, la solidarité de tous. L’autre est notre capacité, ou non, à inventer une nouvelle culture. Face à l’intensification de la concurrence mondiale, le Sénégal doit exploiter pleinement son potentiel touristique pour stimuler la prospérité économique et bâtir des communautés florissantes et résilientes.

Nous avons élaboré cet indice en reconnaissant que la croissance économique ne se conçoit pas en vase clos ; elle fait partie d’un écosystème plus vaste dans lequel des communautés dynamiques, la préservation de la culture et l’intendance environnementale sont indispensables. En analysant les retombées du tourisme sous tous les angles, nous pouvons générer des effets bénéfiques à plus long terme qui appuient les communautés et consolident la position du Sénégal en tant que chef de file en matière de tourisme durable dans la sous-région. Et de la même manière nous insistons sur le poids et l’importance de la transversalité pour liber les énergies dormantes dans le tourisme afin de renforcer les synergies d’actions pour un meilleur résultat

Inventons de nouvelles coopérations transversales au sein des équipes pluridisciplinaires du secteur touristique.

Mouhamed Faouzou Dème

Expert en tourisme

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