Ces deux dernières années, nous avons dépassé la limite de +1,5°C de réchauffement climatique, que l’Accord de Paris ne prévoyait pas avant 2030.
En 2015, 196 pays ont ratifié l’Accord de Paris, s’engageant par là-même à limiter l’augmentation des températures sur Terre pour éviter d’atteindre le seuil de +1,5°C. C’est pourtant déjà chose faite. Le réchauffement climatique d’origine anthropique, sur la période 2011-2020 était estimé à 1,1°C. En 2023, le rapport de synthèse AR6 du GIEC a actualisé cette donnée : nous étions à +1,2°C.
Début 2024, l’Institut Européen Copernicus a indiqué qu’entre février 2023 et janvier 2024, « la température mondiale moyenne était de 1,52°C supérieure à la période 1850-1900 », dépassant ainsi le seuil défini par l’Accord de Paris. Puis, l’année 2024 a confirmé ce que beaucoup redoutaient. Elle a été l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des statistiques en 1850, avec une moyenne de +1,5°C pour chaque mois.
Robert Vautard, le coprésident du groupe de travail I du GIEC, chargé d’établir des bases scientifiques pour la mesure du changement climatique, cherche désormais à alerter le grand public : « les meilleures estimations du réchauffement climatique en 2050 se situent entre +1,6°C et +2,4°C dans les scénarios étudiés, avec des marges d’incertitude d’environ 0,5°C ».
LES CONSÉQUENCES SUR LA BIODIVERSITÉ
Les conséquences de ce réchauffement sont déjà significatives pour les organismes et les écosystèmes. La température des océans et les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes sur tous les continents. Selon le rapport AR6 2023 du GIEC, la Nouvelle-Zélande et Madagascar sont les seules régions du monde qui semblent être plus ou moins épargnées par l’augmentation de la fréquence des vagues de chaleur depuis les années 1950.
À l’échelle planétaire, la fréquence et l’intensité des fortes précipitations grimpent en flèche. Les sécheresses, elles, se multiplient dans la région méditerranéenne et l’ouest de l’Amérique du nord. Dans certains écosystèmes, les conséquences du changement climatique sont déjà irréversibles. Il a entraîné « le déplacement de la moitié des espèces animales vers les pôles ou vers des altitudes plus élevées », selon le rapport.
À +1,5°C, les risques de disparition d’espèces animales sont préoccupants dans l’hémisphère sud – en supposant une non-relocalisation des espèces. Plus particulièrement, ce sont les côtes des continents, et certaines zones très abondantes de l’Amérique du Sud, de l’Afrique centrale et de l’Asie du Sud qui seraient les zones les plus concernées.
À +2°C, les estimations sont bien plus alarmantes. Selon ce même rapport, certaines zones de l’Asie du Sud-Est, le nord de Madagascar, la côte ouest de l’Afrique, et la région des Caraïbes pourront voir 80 à 100 % des espèces animales disparaître.
Les conséquences, déjà importantes, sur la biodiversité, déclencheront « des effets de rétroaction » commente Carlos Mendez-Vallejo, vice-président du groupe de travail II du GIEC, dont le rôle est d’analyser la vulnérabilité des systèmes humains et naturels face au changement climatique, et d’étudier les options d’adaptation.
Par exemple, « les forêts tropicales, les récifs coralliens et les écosystèmes de la toundra, ainsi que les espèces qui y sont associées, seront fortement touchés dans un monde plus chaud », souligne le chercheur. « D’ici 2050, nous prévoyons que 30 à 50 % des récifs coralliens tropicaux pourraient disparaître à cause de l’augmentation des températures, ce qui aura des conséquences sur les réseaux alimentaires marins et des centaines d’espèces ». D’ici à 2100, c’est l’entièreté des écosystèmes de récifs coralliens qui disparaîtront.
Dans les zones tropicales, il est très probable que « la structure et la composition même des espèces des communautés d’arbres tropicaux soient modifiées […]. Nous observerons notamment la transition de forêts humides vers des forêts plus sèches dans des régions comme l’Amazonie ». Selon le média BBC, « la forêt amazonienne a connu sa pire sécheresse jamais enregistrée en 2023 » avec l’apparition de feux de forêt décimant la faune sauvage.
Dans les zones plus froides, « des espèces clés telles que le caribou, le renard arctique et le harfang des neiges sont particulièrement vulnérables », ajoute Carlos Mendez-Vallejo. Dans les zones plus chaudes, on compte les espèces dont les membres sont les moins nombreux sur Terre. Certaines espèces de rhinocéros par exemple, sont en danger critique d’extinction. Il ne reste que dix-huit rhinocéros de Java et deux rhinocéros blancs du Nord. Au large des côtes mexicaines, les vaquitas, une espèce de marsouins, disparaissent. On estime qu’il ne reste que dix-huit individus à ce jour à l’état sauvage. Les signes vitaux qui soutiennent la vie humaine et naturelle semblent s’affaiblir.
LE SORT DES HUMAINS DANS UN MONDE EN SURCHAUFFE
On estime que 3,6 milliards de personnes vivent déjà dans des zones très sensibles au changement climatique. À long terme, …
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Photo : Pas assez froid pour les phoques. Près des îles de La Madeleine, Québec. La glace où des phoques du Groenland mettent bas est parsemée de taches de sang, dans le golfe du Saint-Laurent. Les bébés ont besoin de glace solide pour survivre. Cependant, ces dernières années, le taux de mortalité a augmenté chez les jeunes phoques, du fait du réchauffement climatique et du manque de glace stable. Cela pourrait finir par pousser cette population de phoques du Groenland à quitter le golfe, en quête d’autres lieux où mettre bas – qui sont de plus en plus difficiles à trouver.
PHOTOGRAPHIE DE Jennifer Hayes