Dix ans après l’Accord de Paris, alors que les gros titres mondiaux soulignent souvent ce qui n’a pas été réalisé, un nouveau rapport de l’initiative Deep Decarbonization Pathways (DDP), intitulé « Une décennie d’action climatique nationale : bilan et perspectives », révèle que l’Accord de Paris a stimulé de nouvelles approches en matière de gouvernance et de politique climatiques dans les pays.
Le rapport met en évidence les progrès réalisés dans la mise en place des bases d’une transformation à long terme dans les pays et identifie les priorités d’action futures afin d’accélérer les transitions nationales au cours de la prochaine décennie. Le rapport parvenu à espacedev s’appuie sur l’analyse d’experts du DDP issus de 2
1 pays, représentant une diversité de zones géographiques, de niveaux de développement et de tailles (Argentine, Brésil, Canada, Chine, Costa Rica, République dominicaine, France, UE, Allemagne, Guatemala, Inde, Indonésie, Côte d’Ivoire, Japon, Kazakhstan, Mexique, Nigeria, Sénégal, Afrique du Sud, Thaïlande, États-Unis).Le rapport constate que l’Accord de Paris a stimulé de nouvelles approches en matière de gouvernance et de politique climatiques. Les preuves scientifiques sont désormais plus largement utilisées pour orienter les décisions, les objectifs à long terme façonnent de plus en plus les stratégies nationales, et les gouvernements ont introduit des mandats plus forts, créé de nouvelles institutions et engagé un plus large éventail de parties prenantes. Les politiques nationales ont également accéléré le déploiement de technologies à faible émission de carbone et à haut rendement énergétique et permis des réductions immédiates des émissions dans les secteurs où les solutions technologiques sont matures.
Mais le rapport souligne également les lacunes qui ont ralenti la dynamique. Les stratégies à long terme sont souvent déconnectées des décisions politiques concrètes. La coordination interministérielle reste difficile. Les politiques ont encore tendance à se concentrer sur les réductions immédiates des émissions, sans accorder suffisamment d’attention aux mesures nécessaires aujourd’hui pour garantir des réductions à plus long terme sur la voie de la neutralité carbone. Les préoccupations sociales et industrielles ont parfois sapé les ambitions climatiques. Il ne s’agit pas là de questions marginales : elles illustrent les difficultés réelles à transformer les ambitions en actions. En identifiant clairement ces échecs, le rapport souligne les domaines sur lesquels les pays et la communauté internationale devraient se concentrer plus spécifiquement pour des transitions plus ambitieuses au cours de la prochaine décennie.
« L’Accord de Paris a été conçu comme un catalyseur pour l’action nationale, et dix ans plus tard, nous pouvons en voir les résultats », a déclaré Henri Waisman, directeur de l’initiative DDP. « Les pays ont commencé à remodeler la gouvernance climatique, à intégrer des perspectives à long terme dans l’élaboration des politiques et à accélérer le changement technologique. Ces progrès sont significatifs. Mais la leçon de la dernière décennie est tout aussi claire : si nous voulons atteindre les objectifs de Paris, la prochaine décennie devra être consacrée à l’intensification des efforts, à la résolution des défis sociaux et industriels et à la garantie que l’ambition se traduise systématiquement en actions efficaces. »
« Ce rapport montre que l’Accord de Paris a changé la façon dont les pays pensent et agissent en matière de climat. Nous constatons de réels progrès en matière de gouvernance et de politique, mais aussi des lacunes persistantes qui ne peuvent être ignorées », a déclaré Sébastien Treyer, directeur exécutif de l’IDDRI. « Il est essentiel de reconnaître à la fois les réussites et les échecs : ce n’est qu’en tirant les leçons de la dernière décennie que nous pourrons créer les conditions d’une transition plus rapide, plus juste et plus ambitieuse dans les années à venir », a-t-il ajouté.
Le rapport identifie trois priorités clés pour les années à venir :
- Renforcer les processus nationaux qui rassemblent les gouvernements, les acteurs financiers, les entreprises et la société civile afin de concevoir des actions climatiques fondées sur la science;
- Concevoir des ensembles de politiques intégrées qui permettent non seulement de réduire les émissions à court terme, mais aussi de préparer les transformations à long terme, tout en gérant les impacts sociaux;
- Promouvoir des formes innovantes de coopération internationale qui s’articulent autour des besoins propres à chaque pays : aligner le financement sur les priorités d’investissement, soutenir une diffusion plus large des technologies de pointe et repenser le commerce de manière à favoriser la collaboration et le partage des avantages.





