Gestion du Littoral : Le Sénégal peut-il dire niet à un projet de valorisation d’une plage accessible à tous ?

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Le Sénégal peut-il tourner le dos à un projet de mise en valeur d’une plage accessible à tous alors que notre littoral est sacrifié au profit d’intérêts particuliers depuis des décennies ? Peut-il ignorer l’opportunité de créer 450 emplois alors que le chômage des jeunes est une priorité nationale ? Peut-il accepter l’idée de restituer 300 millions aux bailleurs quand cet argent devrait soutenir nos communautés ? L’expérience m’a appris qu’une bonne idée ne se matérialise pas toujours. Elle doit franchir les étapes. Cela exige un travail rigoureux pour garantir son adéquation à un besoin réel, évaluer sa faisabilité, estimer son coût, maximiser son impact, assurer sa durabilité, convaincre l’ensemble des parties prenantes, sécuriser son financement. J’ai appris à renoncer à certaines idées sachant que c’est le prix à payer pour que d’autres prennent vie. La frustration cède le pas à l’action. Et l’action, c’est ce qui anime mon engagement. Pendant 2 ans, le Consortium Jeunesse Sénégal a œuvré avec les jeunes de Guédiawaye à la conception d’un programme ambitieux d’aménagement et d’animation de la plage de Malibu pour soutenir l’emploi et l’épanouissement : GuedBeach ! L’objectif est de stimuler la créativité des jeunes par le sport et la culture, tout en les sensibilisant à l’environnement et à l’engagement citoyen. Le projet prévoyait la construction de 8 restaurants et buvettes, de 6 terrains de sport, d’un parc vert et d’un espace de jeux. Fondé sur un modèle économique solidaire bénéficiant aux entreprises et collectivités locales, il devait générer 450 emplois en trois ans. Malgré le soutien des populations et les encouragements des divers acteurs, l’Autorisation d’Occupation Temporaire (AOT), indispensable pour débuter les travaux, ne nous a pas été accordée. Après plus d’un an de démarches auprès des autorités locales et nationales, nous n’avons reçu aucune explication. Face à cette contradiction manifeste entre les priorités affichées et les actes posés par nos autorités, j’ai dû rendre un financement de 300 millions de francs. Je remercie d’ailleurs les donateurs pour leur compréhension car, face aux lenteurs administratives, ils ont étendu le délai d’obtention de l’AOT de 3 mois à un an. Le pire, c’est l’absence de transparence sur les points de blocage. J’accepte l’idée qu’on ne gagne pas toujours, mais il m’est impossible de comprendre ou d’accepter ces contradictions. C’est pourquoi le CJS continue de faire vivre cette belle idée. Suite au succès de cet été, GuedBeach est de retour jusqu’au 9 mars avec des concerts, du sport, des ateliers éducatifs et des activités culturelles. Le tout entièrement orchestré par 25 associations locales que nous accompagnons techniquement et financièrement. La forte mobilisation de ces jeunes démontre une nouvelle fois leur énergie et leur passion et nous rappelle que la solution est à portée de main. Notre jeunesse mérite mieux. L’inaction n’est pas une option. Soyons solutions !

Sobel Aziz NGOM

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