Dans le petit village côtier de Msimbati, niché en bordure de l’océan Indien, en Tanzanie, une relation étonnante émerge entre la communauté et la nature : la pratique de l’apiculture dans les forêts de mangrove.
Les mangroves jouent un rôle important dans les écosystèmes côtiers, car elles protègent les côtes de l’érosion et fournissent un habitat à la faune marine. Ces dernières années, les gens du village ont découvert que ces mangroves pouvaient leur fournir des moyens de subsistance durables, tels que l’apiculture. En élevant des abeilles dans les forêts de mangrove, ils créent une source de revenus alternative tout en protégeant l’environnement.
Les mangroves constituent une source florale exceptionnelle qui contribue à la production du miel de palétuviers, qui est parfois commercialisé comme un produit spécialisé de plus grande valeur. La production, la transformation et la vente de miel rapportent des revenus aux familles locales. En ajoutant de la valeur par la production de produits dérivés du miel, tels que les chandelles en cire d’abeille et les produits cosmétiques, les communautés peuvent avoir plus de revenus. À mesure que l’apiculture devient un moyen de subsistance plus rentable et durable, elle réduit le recours aux pratiques non durables, comme la coupe des palétuviers pour le bois de chauffe ou le charbon. Ce changement favorise une préservation durable de l’écosystème de mangroves, car moins de ressources sont prélevées de façon destructrice.
Les habitants du village de Msimbati commencent à envisager l’apiculture comme une source de revenus après que l’abattage des palétuviers a réduit les stocks de poissons et rendu les zones côtières vulnérables aux inondations. Ils ont appris que les palétuviers, comme l’Avicennia et le Rhizophora sont de riches sources de nectar, qui permettent aux abeilles de s’épanouir et de produire un miel unique à la région.
Une des premières personnes à se lancer dans l’apiculture était Mustafa Issa, un ancien pêcheur. Il se souvient : « Les gens abattaient les palétuviers pour avoir du bois, et nous avons constaté une diminution du poisson. » M. Issa ajoute : « Des spécialistes nous ont expliqué que la disparition des mangroves avait nui aux populations de poissons. Ils nous ont enseigné que l’apiculture pouvait sauvegarder les mangroves et fournir également un revenu. »
Désormais, plutôt que de couper les arbres, les gens du village prennent soin des ruches et protègent les palétuviers qui leur permettent de subvenir à leurs besoins. L’apiculture procure d’importants avantages économiques. M. Issa raconte qu’alors qu’il avait l’habitude de gagner environ 8 000 shillings (2,90 $ US) par fagot de bois de palétuviers, il gagne désormais 10 000 shillings (3,60 $ US) par litre de miel.
En moyenne, le miel lui procure 40 000 shillings (147 $ US) par mois. Il raconte : « Je gagne plus avec le miel que je ne gagnais avec la pêche. » Il récolte 40 à 50 litres de miel toutes les six semaines.
Les habitants du village ont établi des règlements locaux pour protéger les mangroves, et des responsables communautaires, comme Issa Nampalanguka, le président du village, travaillent avec des organisations telles que l’Indian Ocean Conservation Alliance pour sensibiliser et replanter des palétuviers. À ce jour, ils ont planté plus de 3 000 nouveaux palétuviers et continuent de sensibiliser les habitants à l’importance de la conservation.
L’apiculture est une pratique écologique qui correspond aux objectifs de conservation. Elle nécessite peu de terres et ne nuit pas aux mangroves, ce qui en fait un moyen de subsistance durable pour les communautés engagées dans des projets de conservation. Dans plusieurs communautés, l’apiculture est particulièrement accessible aux femmes, ce qui leur permet de participer à des activités génératrices de revenus. Cela génère de meilleures sources de revenus pour les ménages et contribue à l’égalité des genres.
Pour certains habitants, comme Fatuma Khamisi, l’apiculture améliore l’alimentation de sa famille et leur quotidien. Elle déclare : « Mes enfants peuvent maintenant boire du thé avant d’aller à l’école, ce qui n’était pas possible avant. »
Ayant vendu du poisson dans le passé, madame Khamisi complète désormais ses revenus grâce à la vente du miel, ce qui lui permet de se procurer les produits de première nécessité pour sa famille.
Le partenariat entre les habitants de Msimbati et les organisations environnementales procure des avantages écologiques accrus. Boniphace Michael de l’Indian Ocean Conservation Alliance explique que la conservation de la mangrove influe directement sur d’autres écosystèmes, tels que les récifs coralliens. Il déclare : « Lorsqu’un écosystème est endommagé, les autres souffrent. »
Ces changements à Msimbati inspirent les communautés côtières du sud de la Tanzanie, qui appliquent maintenant des stratégies similaires pour la conservation et les sources de revenus durables. En adoptant l’apiculture, l’écotourisme et la pêche durable, elles démontrent comment la protection de l’environnement peut aller de pair avec la croissance économique.
Avec Barza Infos