Depuis quelques jours les actualités sénégalaises sont marquées par le rush des sénégalais et sénégalaises vers les BAOS pour leur enrôlement afin de bénéficier des emplois temporaires offerts par des Pays étrangers comme l’Espagne et le Qatar au Gouvernement du Sénégal.
Cette situation traduit le malaise profond de la jeunesse sénégalaise qui a perdu tout espoir de rester travailler et réussir dans leur Pays.
Cela résulte des échecs cumulés des gouvernements successifs depuis la fin des années 70 qui n’ont pas su résoudre l’équation de l’emploi des jeunes.
Des opérations d’insertion des « maîtrisârds chômeurs » en passant par les fonds d’insertion et de réinsertion de la DIRE, à l’ANPEJ jusqu’à la DER, nous avons assisté à la mise en œuvre de plusieurs programmes qui n’ont pas pu résoudre durablement l’emploi des jeunes.
En conséquence, il est impératif de faire un bilan des programmes d’emplois mais aussi de formation et d’employabilité des jeunes afin d’adopter une véritable politique d’emplois et de formation professionnelle-apprentissage au profit de la jeunesse sénégalaise.
Ainsi, les Dangers consisteraient à encourager la fuite des cerveaux et de la force de travail constituée par une jeunesse à la fleur de l’âge.
Toutefois, cette situation comporte aussi des opportunités à saisir pour :
– recenser les jeunes et leur assurer une formation civique en relation avec les Forces de Défense et de Sécurité (Armée, Police et Gendarmerie) ;
– orienter, à l’issue de la formation civique, les jeunes vers les corps de volontariat (environnement, santé, éducation, etc) et l’entrepreneuriat notamment dans l’artisanat, l’agriculture, la pêche, la pisciculture et l’élevage.
En conséquence, nous suggérons :
– de repenser les stratégies de financement de l’entreprenant.: l’Etat devrait s’appuyer sur les banques et les SFD afin d’éviter la perception que les financements sont destinés à entretenir une clientèle politique.
Dans ce cadre l’État pourrait mettre en place des lignes de garanties, de prêts participatifs et de crédits revolving par l’entremise d’institutions comme le FONSIS, le FONGYP, la CDC et la DER ;
– de réorganiser les structures d’encadrement des entrepreneurs et entreprenants par: (i) élargir l’ADPME en ADMPME par l’intégration de la Microentreprise mais aussi de créer et/ou redynamiser les centres de gestion régionaux auprès des chambres de commerce et chambres des métiers ; (ii) regrouper aussi les agences et structures de promotion, d’encadrement et de financement de l’entrepreneuriat en une seule entité ;
– d’opérationnaliser le statut de l’entreprenant en relation avec l’Apix et le Tribunal du commerce qui gère le RCCM.
En effet, l’article 30 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général dispose que : «l’entreprenant est un entrepreneur individuel, personne physique qui, sur simple déclaration prévue dans le présent Acte uniforme, exerce une activité professionnelle civile, commerciale, artisanale ou agricole. » ;
– développer la formation professionnelle et l’apprentissage pour une meilleure employabilité des jeunes ;
Il incombe ainsi aux Autorités de redonner de l’espoir aux jeunes afin de décourager l’émigration clandestine vers l’Europe et les Amériques avec son lot de pertes en vue humaine.
Enfin, j’invite les Jeunes à méditer cet adage wolof : « Bou wakhambandé guédé bakhawaame booba ci mome la – si les jeunes, à la force de l’âge, abandonnent leur champ (leur Pays) parcequ’accaparé par les mauvaises herbes, il ne doivent s’en prendre qu’à eux-même»
Il incombe ainsi à la jeunesse sénégalaise de rester travailler et réussir au Pays au lieu de l’abandonner et partir à l’émigration clandestine vers l’Europe ou les USA avec son lot de morts et d’humiliations.
Alassane SECK
Expert financier
Expert mandataire judiciaire agréé