Dakar abrite depuis hier, mercredi 5 février 2025 et ce jusqu’au vendredi 7 février, une session extraordinaire du Conseil des ministres de l’Initiative de la Grande muraille verte (IGMV). Cette rencontre de haut niveau est convoquée dans le but d’examiner les conclusions et recommandations de l’audit institutionnel et organisationnel de l’Agence panafricaine de la grande muraille verte (APGMV) et des structures nationales.
« Projet phare de l’Union africaine, la Grande Muraille verte (GMV) incarne une ambition collective sans précédent avec, entre autres objectifs, de réhabiliter les écosystèmes dégradés, de promouvoir une agriculture durable, de renforcer la résilience des écosystèmes et des communautés enfin, de lutter contre les effets négatifs de la désertification et du changement climatique », déclare le ministre sénégalais de l’Environnement et de la Transition écologique.
Venu présider la cérémonie d’ouverture des travaux du Comité technique des experts, le Pr Daouda Ngom a souligné que « ce programme constitue un véritable symbole de cohésion et d’union de nos forces pour construire un avenir meilleur pour nos populations et pour les générations à venir ».
L’APGMV a été créée le 17 juin 2010 à Ndjaména, au Tchad, sous l’égide de l’Union africaine et de la CEN-SAD, avec comme objectif de doter l’Initiative de mécanismes de coordination, d’harmonisation des actions et d’appui à la mobilisation des ressources.
L’initiative de la GMV est, faut- il le rappeler, l’expression d’une coopération des États dans la lutte face aux défis environnementaux et climatiques, basée sur le “concept GMV“. En somme, la GMV est un mouvement mené par des Africains avec l’ambition épique de développer une merveille naturelle mondiale de 8 000 km² sur toute la largeur de l’Afrique, c’est-à-dire sur une distance allant du Sénégal à Djibouti.
Les Chefs d’Etat et de Gouvernement du Burkina Faso, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Soudan et Tchad, se référant à la décision du 7ème Sommet de la CEN-SAD des 1er et 2 juin 2005 à Ouagadougou, au Burkina Faso, ont mis en place l’Initiative de la Grande Muraille Verte (IGMV), endossée en 2007 par l’Union Africaine en Initiative Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel.
L’APGMV est donc une organisation interétatique disposant de la capacité juridique internationale.
Ayant fait du chemin et baignant aujourd’hui dans des « incertitudes », l’APGMV et les structures nationales GMV ne pouvaient pas, selon le ministre sénégalais de l’Environnement, échapper à un « audit institutionnel et organisationnel, pour tenter d’ouvrir des perspectives meilleures ».
Cet audit, financé par la Banque africaine de développement (BAD), a permis d’aboutir à des résultats consignés dans six rapports provisoires qui méritent, selon le Pr Daouda Ngom, que les experts s’y penchent pour « un examen approfondi ».
Parmi les préoccupations révélées par les résultats de l’audit, figurent en bonne place la définition des niches stratégiques permettant d’optimiser les services offerts par l’Agence ; la reformulation des mandats pour garantir une meilleure clarté et un alignement institutionnel, à la fois pour l’Agence panafricaine et les structures nationales ; un modèle de financement durable, incluant des contributions des États membres, des partenaires techniques et financiers et des initiatives privées, entre autres.
Ainsi, selon le ministre Daouda Ngom, il est attendu de cette session trois actes majeurs. Il s’agit d’abord de la validation des rapports provisoires produits par l’audit. Le second acte consiste en la proposition d’une feuille de route pour leur mise en œuvre. Enfin, la proposition de recommandations à soumettre aux ministres en charge de la GMV des États membres.
Il s’agit, à en croire le DG de l’Agence sénégalaise de reforestation et de la Grande muraille verte (ASERGMV), Dr Sékouna Diatta, de faire de cette session co-organisée par le Sénégal, le Mali et la Mauritanie, avec le soutien de partenaires tels que la BAD, et le Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE), une avancée majeure dans la vie de l’Agence.
« L’agence, qu’elle soit nationale ou panafricaine a beaucoup fait dans la mise en œuvre de l’initiative de la grande muraille verte. Toutefois, l’audit a mis en exergue des insuffisances. Aujourd’hui, nous nous sommes réunis à Dakar pour statuer sur ces insuffisances afin de rendre plus performante l’agence », souligne le directeur général de l’Agence sénégalaise de la reforestation et de la Grande muraille verte (ASERGMV).
« Au Sénégal, par exemple, des avancées significatives ont été réalisées, mais beaucoup d’insuffisances subsistent. D’abord sur le plan des ressources humaines, les agences ne sont pas suffisamment dotées pour pouvoir remplir les missions qui leur sont assignées. Alors que la mise en oeuvre reste l’affaire des techniciens. Pour ce qui est des ressources financières, c’est aussi le même cas. Les agences ne sont pas suffisamment dotées pour faire face aux défis de l’heure », précise le Dg de l’ASERGMV.
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