Tourisme religieux et tourisme cultuel : L’amalgame et la confusion entretenus

1
330

« Le tourisme cultuel génère 11 milliard d’euros en France et Lourdes dans cette richesse nationale représente une part conséquente » Nathalie Delattre ministre du tourisme français.

Je ne me tairai jamais sur cette confusion

L’amalgame et la confusion sur le tourisme religieux et le tourisme cultuel en mode officiel. Ce type de tourisme amoul Sénégal, té dou meusseu am Sénégal. C’est l’Expert qui parle !

Les types de tourisme sont codifiés par l’ON Tourisme. Au-delà de cette considération, les mots ont leurs sens, leurs significations et leurs définitions. Le vocabulaire français est clair, mais l’ONU Tourisme est aussi clair que précis. Si le Sénégal tient à son « tourisme religieux » alors il faudra l’inventer à partir de la singularité des courants religieux sénégalais et lui donner un nom qui pourrait être, le « tourisme des tarikhas ». Ce type de tourisme serait une spécificité sénégalaise et il faudra saisir l’ONU Tourisme pour leur proposer d’introduire ce nouveau concept de « tourisme des tarikhas » dans la nomenclature des produits touristiques qui devrait être validé par une commission spécialisée. Cette invention du Sénégal sera inscrite comme une innovation et une nouveauté du tourisme cultuel en ce sens que c’est très singulier au Sénégal.

Le tourisme des tarikhas aura plus de sens avec plusieurs contenus et de diversités dans ce que nous avons à partager avec le monde du tourisme concernant notre patrimoine culturel, spirituel, cultuel, historique et touristique. Cela ouvre une porte vers une diversification du produit cultuel et culturel car les foyers religieux ont chacun leur propre patrimoine, leur histoire, leur enseignement, etc. Il faut aussi des guides spécialisés, des historiens pour raconter le vécu de chacun d’eux. Mais cela ne suffit pas !

Il faut des hébergements qui répondent à l’esprit et à la manière de vivre du guide qui reflète son identité. Il faut des bibliothèques, des musées, des tracées itinéraires de tous les déplacements, voyages et parcours de ces marabouts pour être définis comme circuits touristiques et non religieux. Le tourisme religieux a ses itinéraires appelés circuits religieux qui sont une obligation et une pratique divine. Tandis que le tourisme cultuel, ou spirituel est un phénomène de société complété par un circuit de découverte touristique. Les personnes y vont pour découvrir les lieux et non pour une adoration divine.

Le concept de tourisme des tarikhas répond au concept du tourisme de valeur, au tourisme mémoriel, au tourisme culturel et de patrimoine. Donc il est important de respecter l’appellation et la définition de chaque type de tourisme pour ne pas induire en erreur le touriste qui cherche une destination religieuse et non cultuelle, ou vice versa.  

Le Coran nous dis « demandez aux sachants si vous ne connaissez pas » iss alou ahleu zikr in kountoum la tah lamoun. Alors nous n’avons pas le droit de nous tromper car au Sénégal, les universitaires et les experts sont nombreux pour ne pas laisser les officiels dire ce que la connaissance et le savoir n’acceptent pas. N’avons-nous pas appris que la connaissance de toutes choses est meilleure que son ignorance !

Le tourisme religieux est une activité non délocalisable qui se tient sur des territoires ayant trait avec la religion sur recommandation divine. Or le tourisme cultuel relève du patrimoine religieux historique et même culturel ayant trait à l’histoire, à la recherche, et à la découverte.

Ne mélangeons pas les concepts, les pèlerinages, désignent un tourisme religieux effectué par des personnes appartenant à des religions révélées qui voyagent à des fins religieuses et sacrées. Ce terme est utilisé par défaut, en d’autres termes et de manière connexe, pour parler de tourisme spirituel, cultuel et de pèlerinage chez les chrétiens.

Nous devons éviter l’amalgame, car le tourisme est hors de nos frontières, et au-delà de son aspect commercial et économique, c’est une discipline des sciences sociales, qui requiert une connaissance approfondie et pluridisciplinaire pour l’aborder au sens de la conception et des politiques publiques.  

Le tourisme religieux et le patrimoine sont indissociables et leur mise en marché vise une clientèle sélectionnée attirée par des « lieux saints » en vertu des pratiques de la tradition religieuse à laquelle adhère le visiteur. Ce tourisme se fonde d’abord sur une dévotion à la pratique religieuse et à la mémoire, animée par la sépulture d’un saint, le berceau du Prophète, le lieu d’éclosion d’une tradition religieuse.

À l’opposé, la mise en tourisme du patrimoine matériel et immatériel, dont le culturel et le cultuel prend appui sur des monuments, sur des objets, sites, ensembles architecturaux, œuvres d’art, etc., qui intéressent plutôt toutes les religions en vertu des valeurs culturelles élargies.

Au demeurant, l’inadéquation entre le message politique, marketing et la clientèle, sans doute partiellement attribuable à une certaine incompréhension des concepts de base a déjà condamné les politiques et les amateurs de la polémique à véhiculer qu’il existe bel et bien du tourisme religieux au Sénégal, or que c’est faux. Il n’est pas évident que le ministre du Tourisme trouve les meilleurs outils de communication d’où le danger d’un pilotage à vue.

À la fois substance et fruit d’un tourisme à saveur culturelle, le culte, le culturel, le religieux et le patrimoine restent un vaste corpus pluriconfessionnel au service de l’activité touristique, qui englobent la visite de sites naturels, architecturaux, mais aussi religieux, ou les déplacements sont effectués pour assister à des festivals, des concerts et autres manifestations culturelles, gastronomique, la visite de musées, de monuments, de galeries d’art…et pourquoi pas y inclure les multiples magals et conférences religieuses pour booster le tourisme intérieur. Nous avons de quoi faire pour développer le tourisme cultuel national et international ; ce segment représente un part de marché non négligeable pour notre économie et pour l’emploi des jeunes

Enfin, l’idée se résume à mettre à profit l’appréciation et la fréquentation d’un nombre croissant de touristes, non seulement à des fins de curiosités culturelles ou de diffusions de la mémoire d’un héritage commun, mais de partager notre patrimoine afin d’accroitre la visibilité et l’attractivité de notre destination Sénégal.

Mouhamed Faouzou DEME

Expert en tourisme

1 COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici