Les producteurs maraîchers du Sénégal vivent une calamité économique sans précédent causée par la mévente et des prix dérisoires. La majorité des légumes pourrissent sur place dans les fermes, faute de récolte et la petite portion commercialisée souffre de mévente en partie et de prix plus que dérisoires. À titre illustratif en mars 2025 les prix des légumes étaient passés de :
• Jaxatu sac 75 kg de 22500 F CFA soit 300 fcfa le Kg à sac à 1500 Fcfa soit 20 Fcfa
• Choux sac 50kg à 20000 fcfa soit 400 fcfa le kg à sac à 1000 fcfa soit 20 fcfa le kg
• Aubergine sac 40 kg à 14000 fcfa soit 350 fcfa le Kg à 1000 fcfa le sac soit 25 fcfa le kg
• Carotte sac 80 kg à 25000 fcfa soit 312, 5 fcfa le kg à 9000 fcfa le sac soit à 112,5 fcfa le kg
• Poivron le sac de 50 kg à 35000 fcfa soit 700 fcfa le kg à 5000 fcfa le sac soit 100 fcfa le kg
• Oignon vert balle de 50 kg à 15000 soit 300 fcfa le kg à 2500 la balle soit 50 fcfa le kg.
Avec de tels prix plusieurs producteurs ont abandonné leurs cultures, la main d’œuvre saisonnière pour les récoltes est majoritairement au chômage, les transporteurs tournent au ralenti. Pour beaucoup de personnes la cause de la mévente et des prix dérisoires serait une “ surproduction “ résultant en une supériorité de l’offre sur la demande. En fait pendant qu’il y a une apparence de surproduction, d’importantes parties du pays n’ont pas accès à suffisamment de légumes et les consommateurs en général bénéficient très peu de la baisse des prix!
Les problèmes pour nous découlent d’une pauvre maîtrise des circuits de distribution et la prise en otage du marché des légumes par les intermédiaires et les baana baana.
Pour sortir de cette situation nous proposons :
1. L’instauration de prix planchers pour les légumes majeurs pour sécuriser les producteurs en leur garantissant le recouvrement de leur coût production avec une marge d’au moins 25%. Par exemple, en moyenne le coût de production d’un kilo de jaxatu dans la zone des Niayes est de 150 fcfa. Le prix minimum garanti pour le Jaxatu serait le coût de production au kg 150 x 1.25 = 187. 5 Fcfa. La même formule peut être appliquée aux principales spéculations maraîchères: carotte, choux, aubergine, poivron, etc.
En se basant sur le fait que les producteurs horticoles ne devraient pas vendre à perte, il y a un minimum couvrant les charges d’exploitation, un bénéfice et les intérêts liés aux financements, l’inflation, etc., pour proposer un prix plancher.
Nous conseillons les prix minimum suivants :
Jaxatu 200 f / le kg
Choux 300 f / le kg
Aubergine 250 f /kg
Carotte 250 f / kg
Poivron 400 f le kg
Oignón 300 f le kg
Piment jaune Big Sun 800 f le kg
Tomate cerises 200 f le kg
2. La mise en place de coopératives dédiées à la commercialisation
Les coopératives de commercialisation se doteront d’infrastructures de conservation et de stockage et de la logistique nécessaire pour le bon transport des produits. Elles développeront leurs propres circuits de distribution.
3. Des discussions sérieuses entre l’Etat, les producteurs et tous les acteurs de la filière permettront d’identifier ensemble les mesures à mettre en œuvre pour booster le secteur. Ces mesures devront aller dans le sens d’ une meilleure organisation de la production (étalée dans le temps et dans l’espace), une amélioration de la production avec une facilitation de l’accès aux intrants pour les producteurs, la mise en place d’infrastructures commerciales adaptées, le développement de Micro voir petites ou moyennes entreprises de transformation, etc.
– Mise en place d’un observatoire des prix des productions horticoles ;
– Mise en place d’une plateforme publique numérique des prix agricole ;
– Mise en place d’un cadre de négociation des prix horticole de référence avec les syndicats professionnels des grands distributeurs (Unacois, hypermarchés) ;
– L’organisation des états généraux ou assises de l’horticulture au Sénégal.
Amar Yaya Sall
Agropasteur Président du Mouvement Citoyen Kawkaw